Les végétaux

A propos de l'élément végétal du parc, l’Inventaire thématique de la Région wallonne établi en 1999[1] retient que:

« Le parc est composé d'une succession de larges bouquets d'arbres d'essences traditionnelles: érable plane, chêne d'Amérique, hêtre commun, châtaignier et nombreux aulnes. Des bordereaux d'expédition de Mme Veuve Verlinden, pépinié­riste à Malines, datés du 10 novembre 1869, donnent le détail des commandes passées à l'époque de la création du parc par le Baron de Crawhez[2]

On remarque l'importance de la commande tant dans les arbres hautes tiges que dans les végétaux désignés comme plantes de taillis: 5.000 aunelles de première qualité, 5.000 charmilles de 0,70 à 1,50 m, 5.000 châtai­gniers de 0,80 à 1,50 m, 3.000 chênes de 0,60 à 1,50 met 2.000 érables de 0,50 à 1,50 m. L'ensemble s'élève à 20.000 pièces pour la somme totale de 1.227,50 F. Les bor­dereaux mentionnent encore une commande de 2.510 arbres hautes tiges. Parmi les essences moins communes, on relève la présence dans le parc d'un frêne (Fraxinus excelsior ‘Elegantissima’) et d'un aulne (Alnus glutinosa). Dans la partie nord-est du parc, on remarque une curieuse plantation d'aubé­pine à deux styles dite aussi épine blanche (Cratëegus oxy­acantha) formant un « C » isolé dans les prairies. La ceinture du parc est constituée principalement de frênes et de peupliers. Elle est délimitée par une haie d'aubépine courant sur près de cinq kilomètres ». 

Mais il y a également d'autres factures provenant de cette pépinière de Malines durant les années 1869 à 1873 ainsi que diverses factures des pépinières Degey-Horne à Huy datées de 1870 à 1872. Ces dernières font apparaître la commande de nombreux charmes, érables, bouleaux, châtaigniers, acacias, aulnes ainsi que de quelques épicéas. 

On voit ici combien, presque comme un peintre, Keilig façonne à l'envi les ressources insoupçonnées d'un matériau vivant [3]. Dans des champs de profondeurs différents à l’intérieur ou en bordure du parc, il recourt à des massifs ou à des arbres isolés; il joue tantôt sur la taille des végétaux, tantôt sur leur volume ou tantôt encore sur une palette chromatique qui évolue en fonction des saisons. On le voit ci-dessous, il compose également avec les mouvements du terrain et le dessin des chemins pour raconter une histoire végétale dont le visiteur découvre des chapitres nouveaux au fil de sa promenade.

© L. le Hardÿ de Beaulieu

Dans la thèse de doctorat qu’elle a consacrée à l’œuvre de Keilig, Katrien Hebbelinck souligne à propos du Bois-Lombut que « la plantation d’espèces élancées est utilisée de manière sobre mais réfléchie. Keilig les réserve pour la bordure du parc[4] et pour les berges des différents étangs, ainsi que pour le tracé d’un chemin en circuit fermé qui ceinture le terrain à mi pente.  Ce chemin est tracé au travers de groupes arborés successifs, de telle manière que des contrastes apparaissent entre des espaces plus ouverts et fortement éclairés et les masses structurantes et plus foncées des plantations »[5]. Une nouvelle fois apparaît ici très clairement la recherche d'une variété de formes et de couleurs exprimée  dans les écrits du concepteur du parc [6].

Certains arbres  ont en outre été répertoriés par la Société belge de Dendrologie et sont identifiés sur le site internet de cette dernière. Certains ont également été identifiés comme "arbres remarquables" par la Région wallonne  [7] et la Province de Hainaut [8]. 

Juglan Nigra
(Noyer noir d’Amérique)

2018 : C 265 – H 28 

Arbre remarquable

Tilia Platyphullos
(Tilleul à grandes feuilles)

2018 : C 350 – H 30 

Arbre remarquable

Tilia Petiolaris
(Tilleul argenté pleureur)

2020: C370 - H36

Arbre remarquable

Robinia pseudoacacia
(Robinier pseudo-acacia)

2020: C440 - H20

Arbre remarquable


Fagus Sylvatica Purpurea
(Hêtre pourpre)

2018 : C 450 – H 35 

Arbre remarquable

Fagus Sylvatica Purpurea
(Hêtre pourpre)

2020 : C 350 – H 33 

Arbre remarquable

Fagus Sylvatica Purpurea
(Hêtres pourpres)

2020 :
G: C415 - H38 / D: C450-H38 

Arbres remarquables

Fagus Sylvatica Purpurea
(Hêtre pourpre)

2020 : C 400 – H 38 

Arbre remarquable

Noyer

(Juglans regia L.)

2018: C 190 - H 14

Tulipier (Liriodendron tulipifera L.)

2018: C 130 - H 29

© L. le Hardÿ de Beaulieu

[1] .        Parcs et jardins historiques de Wallonie ; Inventaire thématique. Vol. 3, Ministère de la Région wallonne, Direction générale de l’Aménagement du Territoire, du Logement et du Patrimoine ; Division du Patrimoine, 1999, p. 34-36.

[2] .       NB. Ils sont conservés dans les archives familiales. Keilig s'adressa presque simultanément à cette même pépiniériste de Malines lorsqu'il effectua les plantations du Bois de la Cambre, ainsi qu'en témoigne la lettre qu'il adressa le 9 octobre 1869 à l'échevin des travaux publics de Bruxelles.

[3]       "Le jardin peut relever de l'art, s'il est composé d'un point de vue architectural et végétal. Mais il s'agit d'un art très particulier, le seul à composer avec un matériau vivant. Il est donc changeant, c'est un art de la vie". R. Pechère, "Les jardins historiques, leur restauration, leur intérêts pour les jardins contemporains", Monumentum, vol XX-XXII, 1982, p. 35-43, sp. p. 35.

[4] .       On voit donc que la bordure arborée constitue bien un des éléments marquants de son œuvre.

[5] .       Traduction libre de K. Hebbelinck, Edouard Keilig (1827-1895) en de Belgische tuin-en landschapsarchitectuur van de 19de eeuw, Universiteit Gent, 2012, ISBN 978-90-7083-072-4 (Trad.). Ceci met en évidence la volonté de “travailler” un espace suffisamment ouvert et d’éviter des concentrations de zones arborées à un même endroit.

[6].       Voir tout particulièrement F.E. Keilig, « Lettres sur l’architecture des jardins », Lettre IV.- Journal d’Anvers, 13 mars 1856.

[7].        Arrêté ministériel du 26 janvier 2022 approuvant les listes des arbres, arbustes et haies remarquables, M.B., 15 avril 2022, p. 35856 et s. (sp. 36098).

[8].       Des arbres remarquables en Hainaut, Hainaut Développement, Publ. Province de Hainaut, 2000.